Nous sommes heureux d’accueillir ce premier article du CA (2S) Christophe Pipolo, qui rejoint La Vigie après une très belle expérience internationale. C’est un complice de longue date et sa venue est pour nous une excellente nouvelle. Du coup, il va falloir que nous changions notre acronyme de signature. Mais d’autres nouvelles vont survenir… JDOK
La presse a récemment fait état d’une certaine inquiétude après la non-reconduction de l’accord général de sécurité concernant les échanges d’informations militaires (GSOMIA) entre Séoul et Tokyo (voir Le point : https://www.lepoint.fr/tiny/1-2331142 ). Christophe Pipolo tire de l’incident les conclusions suivantes.
L’arrivée au pouvoir de Moon à Séoul, à la suite de la démission et de la condamnation fracassantes de Park, a marqué une lente érosion suivie d’une accélération de la détérioration de la relation nippo-coréenne sur fond de volontarisme réconciliateur de la Péninsule.
Il s’est tout d’abord agi de vider de son contenu l’accord de décembre 2017 qui devait, en complément de celui de 1965, régler définitivement la question des femmes de réconfort.
Puis la cour suprême coréenne a autorisé la saisie des intérêts des entreprises japonaises installées en Corée pour faire pression et permettre le dédommagement des plaignants du travail forcé durant la seconde guerre mondiale.
Enfin, Séoul n’a jamais répondu sur le fond aux propositions nippones de procéder à un arbitrage par pays tiers du différents, comme le permet l’accord de 65.
Les Sommets Kim/Trump de Singapour et de Hanoï et l’instauration de relations suivies entre les administrations sud et nord-coréennes, n’ont fait qu’attiser les craintes du Japon d’être laissé en dehors du règlement d’une crise qui dimensionne la sécurité de la région.
Dans ce contexte, les relations militaires constituent un domaine où l’expression d’un désaccord politique peut s’exprimer.
Après le différend relatif à l’illumination d’un avion de patrouille maritime nippon par la conduite de tir d’une frégate de la ROK Navy, en décembre, exploité exagérément à des fins politiques de part et d’autre, le GSOMIA – accord général de sécurité bilatéral, signé en 2016, qui doit fait l’objet d’une procédure politique de reconduction annuelle – devient la nouvelle victime collatérale d’une divergence politique.
Alors que les deux parties avaient fait valoir qu’elles s’attacheraient à préserver un accord qui facilite l’interopérabilité entre deux alliés de Washington, le contrôle des exportations de substances chimiques à caractère dual, exploitables dans les technologies de l’information, mis en œuvre par Tokyo – en réponse à la posture de Séoul à son égard – et l’impossibilité d’engager un dialogue politique constructif, auront eu raison de cette promesse.
Sans avoir combattu, Kim sort vainqueur d’une lutte qui fragilise la coalition JP/US/RK à laquelle il est confronté. À des degrés divers, Pékin et Moscou consolident leurs mains.
Le Japon constate les dégâts causés par des postures idéologiques et jusqu’au-boutistes dont les conséquences sur la stabilité régionale n’ont pas toutes été tirées.
Les questions mémorielles irrésolues ne peuvent justifier à elles seules la situation actuelle.
CP
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